J'ai toujours aimé la solitude, me retrouver dans ma bulle, mon petit monde, dans la lune, les ballades en solitaire en forêt, les séances seule au cinéma, prendre mon petit déjeuner seule --
Déjeuner en paix, lire seule, travailler seule, danser à la discothèque seule, boire une bière chez moi devant un bon film seule, jouer de la guitare seule, cultiver mon jardin seule, dormir seule, faire les courses seule, ...
En 2007, je me plains à mon psychologue que je me sens frustrée car ne trouve personne à qui parler, et il me dit :
"Vous êtes trop dépendante des autres".
Aïe ! Qu'est-ce qui cloche chez moi encore ? Et je me sens encore diminuée par cette nouvelle tarre : trop dépendante des autres, moi ! Je suis tombée bien bas ! Moi, si indépendante, si autonome !
Pourtant quelque chose en moi protestait violemment contre le verdict de cet homme de savoir en qui je n'avais pas le choix que d'avoir confiance, puisque j'étais là, à lui raconter ma vie et mes intimes tourments.
Si on faisait une coupe de mon cerveau, on verrait quelques neurones, et très peu de liens entre eux. Ce soir, un lien s'est créé (noter la date, svp).
On peut apprécier énormément la solitude, quand on n'est pas seul. C'est comme ceux qui vous disent que l'argent ne fait pas le bonheur, ou qui en on plein la bouche de la simplicité volontaire, eux, ils ont assez d'argent, pour voyager dans des pays pauvres et voir des peuples capables de rire dans leurs maisons de tôles sans télé, sans téléphone, sans cafetière électrique, les mains plongeant dans un seul plat au milieu de la famille, des enfants tous nus qui jouent dans une flaque de boue, c'est poétique la pauvreté, c'est beau, c'est sain, vu d'en haut !
De la même façon que l'argent ne fait pas le bonheur de ceux qui en ont trop, j'aimais la solitude parce que je n'étais pas seule. Tout simplement, monsieur le brillant psy. Et maintenant, laissez-moi
Déjeuner en paix.