Si je n'avais pas déjà ma petite chienne lorsque Cesar Millan* est passé à Montréal, j'étais sur le point de l'avoir. Mais de toutes façons, je suis très sensible au sujet, puisqu'il s'agit de comportement.

Je n'avais jamais entendu parler de ce rééducateur canin auparavant, et lors des débats télévisés personne ne m'a convaincue, ni ses détracteurs, ni ses adeptes. Ce n'est que lorsque je l'ai vu (pour la première fois) comme invité à une émission de variétés, où on l'a très peu interviewé sur sa méthode, d'ailleurs, que j'ai penché de son côté sans hésiter avant de me précipiter à la bibliothèque pour emprunter ses livres.

Puis là encore, étant donnée la gravité des critiques, j'ai hésité : que signifie "corriger" ? Comment "corrige"-t-on le chien lorsque son comportement est indésirable ?

Alors j'ai emprunté les DVD des émissions, et si j'appréciais sa personnalité et approuvais son approche à 65%, mon évaluation atteint maintenant 99%.

Mais d'abord, le personnage : qu'il joue un rôle ou qu'il soit authentique, j'opte pour l'attitude "bonne spectatrice" et préfère croire à son authenticité. Pourquoi une telle subjectivité alors que d'habitude je m'efforce toujours d'être le plus objective possible ? Parce que des gens sympathiques et sérieux, aussi confiants en eux-mêmes que sensibles et généreux, aussi humbles qu'admirables, avec un tel sens tant du jeu et de l'humour que du travail, du travail en équipe, de la communication, de la communication de ses connaissances, et qui nous montre à quel point, à tout âge, non seulement on peut continuer à apprendre et à évoluer, mais surtout on peut respirer la vie comme un enfant ou un jeune chien, de nos jours, ça ne court pas les rues.

C'est quelqu'un qui sait partager son enthousiasme, son dynamisme, réapprend aux gens qu'une difficulté n'est pas un obstacle mais un défi, casse les préjugés et leur réapprend les bases de la communication en attisant leur sens de l'observation et l'écoute de l'autre par le langage du corps. En stimulant l'instinct du chien, il réveille l'intelligence du maître, en rééquilibrant le comportement de l'animal, il recentre l'humain sur sa nature propre.

Ce qui est fort, c'est qu'il fait passer son message à travers des valeurs aussi corrompues que l'ordre et la famille, si chères aux étatsuniens, et restaure et réactualise ces valeurs pour ce qu'elles étaient dans les fondements de toute civilisation : à l'instar de toute espèce animale qui s'est rassemblée pour se protéger, il est impératif qu'il se crée un encadrement et des limites, et que l'ensemble de ces règles soit enseigné à tout nouveau membre du groupe.

A une époque où l'Humanité perd la mémoire à la vitesse de sa prolifération (et surtout, peut-être, à l'ère de la "mondialisation" et de la "virtualisation" des relations), il est impératif qu'elle se souvienne au plus vite : d'où elle vient, quelles sont ses limites, quels sont ses atouts, que si la nature est l'inné, la culture demande un travail d'interactions réelles dans le temps et que c'est elle, la culture, qui permet à l'individu d'évoluer au sein de son groupe, et au groupe au sein d'un groupe plus grand jusqu'à l'échelle de la planète.

* En cherchant un lien Internet, j'ai appris la fin de Daddy, qu'hier soir encore je regardais assister Cesar dans son travail. A tous ceux qui aiment et qui détestent les pit bull, je dédie cette chanson de Luc de Larochelière

Et puis allez, de la part d'un vieux chameau fatigué