La satisfaction que me procurait l'apaisement de mon manque de caféine lorsque je buvais un café, me laissait dans un état de béatitude et de passivité dont j'ai voulu aussi me débarrasser avec ce sevrage.

Malheureusement, la rage m'empêche de me concentrer pour résoudre mes problèmes, et le seul état qui lui succède, c'est la peur.

La peur qui tient au ventre, qui paralyse, qui empêche toute respiration calme, profonde, qui pèse sur la poitrine comme du plomb, et qui brûle à l'intérieur.

J'ai recommencé des démarches. L'impression d'avoir eu affaire à des gens un peu plus sérieux ces deux dernières semaines m'ont aidée à tenir le coup, mais il faut attendre après la lenteur administrative. Et la peur me reprend.

Je ne peux me lever le matin qu'avec la rage, bientôt suivie de la peur qui me tenaille toute la journée à cause des urgences, à cause des incertitudes (qu'est-ce que je vais faire si un huissier arrive ?). Parfois, je n'en peux plus, et je vois toutes les choses à faire qui s'accumulent, et tous les problèmes qui se pressent à ma porte. Les résoudre un par un, c'est bien beau, mais c'est comme écoper un puits de dérive ...

Je ne me plains pas. Il faut que ça sorte, c'est tout.

Je n'étais pas comme ça il y a 2 ans ! J'avais bien repris le dessus ! J'étais prête à sortir de chez moi, voir des gens, retourner travailler. J'avais retrouvé un esprit de combativité sain !

Et maintenant la rage, la rage et le sentiment d'injustice :

J'allais trop bien il y a 2 ans ! Personne ne m'a prise au sérieux lorsque j'avais retrouvé le courage de me relever et de demander de l'aide.

D'abord une conseillère d'orientation professionnelle qui suit des cours de psychologie et veut (elle aussi) jouer au Freud avec moi : "Comment vous sentez-vous ? Etes-vous sûre de vouloir retourner sur le marché du travail ? Vous sentez-vous capable de retourner travailler ? Comment ça va la dépression ?"
Elle commence à me stresser : c'est la cinquième séance en 3 mois, et elle n'a toujours pas daigné jeter un coup d'oeil à mon CV et là elle me parle de dépression alors que je veux laisser cela derrière moi. Je lui réponds poliment à chaque fois, et tente de la ramener au sujet : mon CV, mon orientation professionnelle, encore et encore, c'est comme si elle n'entendait pas ... "Pourquoi mettez vous la main sur le ventre ?". Elle a peut-être raison après tout, je ne suis pas prête pour retourner affronter les requins puisque je n'ai même pas osé lui répondre que je mettais ma main là pour me pas la lui mettre dans la figure.

Elle s'acharne à me replonger le nez dans ma merde (la dépression) : vilain chat ! Pourquoi ? ! Qu'est-ce que je leur ai fait, à tous ?!

Déjà, auparavant, après que je lui aie dit que j'étais sans emploi depuis 1 an parce que j'avais subi du harcèlement psychologique au travail, elle m'annonce que je ne peux pas participer aux séances de groupe car "vous comprenez, je dois protéger mon groupe", comme si j'étais une pestiférée, comme si c'était moi qui avait fait du mal à mes anciens collègues de travail, et elle réouvre une plaie que j'avais passé des mois à refermer.

Je suis retombée ... en dépression.

Cela m'avais déjà pris 6 mois pour rencontrer une conseillère d'orientation ! Et je venais de perdre 3 mois de plus avec cette folle ! La rage !

Puis deux stages en 2008 d'aide à la recherche d'emploi qui ne s'adressent en fait qu'aux "yenakis", où on s'acharne à vous orienter non pas vers un emploi, mais dans une formation :

- J'ai déjà une formation, je veux travailler
- Oui, mais il y en a qui veulent retourner aux études
- Je ne veux pas retourner aux études, je veux travailler
- Oui, mais il y en a qui changent d'avis
- Je n'ai pas changé d'avis je veux travailler
- Oui, mais il arrive qu'il y en a qui changent d'avis, vous pourriez changer d'avis, on peut changer d'avis, vous pouvez changer d'avis, on a le droit de changer d'avis, vous avez le droit de changer d'avis, il y en a qui changent d'avis (sic)
- Ca y est, vous avez fini ? Le problème avec vous, c'est qu'on a l'impression que vous parlez à un interlocuteur imaginaire.

Allons bon, une autre folle ! Et dire que c'est à moi qu'on veut prescrire des médicaments !
Et ce ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres ...

Là, j'ai osé lui répondre, mais je suis retombée en dépression. J'ai l'air de me plaindre, comme ça, mais à chaque coup sur la tête de ce genre, je me relève toute seule. Ca prenait des mois, des semaines, et ces derniers temps des jours, mais avec le coup que vient de me donner le proprio de mon appart, je n'y arrive pas. Ca me reporte au traumatisme du déménagement de 2004, mais en plus, c'est irréailste de déménager maintenant. C'est matériellement impossible, et je n'en ai pas l'énergie.