En principe, tout le monde s'entend pour dire qu'il faut être fou pour tuer froidement, tuer un enfant de surcroît, et vraiment complètement fou pour tuer son propre enfant.

Mais voilà, lorsqu'il s'agit de juger, le meurtrier n'est plus fou. Allez comprendre quelque chose à l'opinion publique.

Je ne partage pas l'opinion généralement admise, celle propagée et encouragée par les media.

D'abord parce que je préfère réfléchir, intégrer mon manque de données dans mon calcul, et enfin et surtout, parce que j'ai un vécu, des expériences et ... une mémoire qui ne se laisse pas altérer par quelques lignes publiées dans un torchon populaire.

Quand j'entends à quel point les lignes ouvertes censurent les quelques avis qui ne suivent pas "la ligne du parti", même ceux de spécialistes, je trouve que ça sent vraiment la démocrasse croupie. Et l'Histoire se répète, avec ces nuances pourtant tellement dépourvues de subltilité, mais Ô combien efficaces pour manipuler l'opinion du peuple maintenu dans l'aculture.

Ainsi, mon verdict est 48% de culpabilité pour Guy Turcotte. C'est déjà pas mal. Les 52% restants sont partagés par le système, avec 2% pour ses parents et 2% pour son ex-conjointe.

Parce qu'on vit dans un système malade, et de plus en plus malade¹. L'être humain est un animal grégaire. Seul, il est perdu. Je l'ai assez répété ici ou ailleurs : l'individualisme détruit les individus, un par un. Il les valorise, les endort, les berce d'illusions, les monte sur un piedestal, et "vlan !", au moment où ils s'y attendent le moins, il se font descendre en flèche, démolir, dévorer tout crus par le système¹.

Aujourd'hui, à cheval sur d'anciennes valeurs qui veulent encore que les hommes (avec un petit 'h') soient forts et pourvoyeurs de la famille, et de nouvelles "valeurs" qui divisent même les couples², où les femmes prennent la relève^{2 bis}, doivent être aussi indépendantes, responsables, fortes, l'individu se retrouve néanmoins seul pour démêler, résoudre ses problèmes, seul face à des responsabilités qui n'ont pas toujours du sens, seul avec ses émotions pour lesquelles il n'a pas plus de moyens pour les comprendre, dans un monde où "tout est prévu en cas de difficulté" lorsque tout va bien, mais où il n'existe rien³pour vous aider lorsque tout va mal, même si vous payez ces services d'"aide" directement ou avec vos taxes et vos impôts, ...

Dans ces circonstances je trouve tout à fait sain et normal de disjoncter à un moment donné. Ce qui n'est pas normal, c'est la situation où l'individu est abandonné, trahi par ses proches et une pseudo-société qui ne le protège plus mais l'infantilise et le prend en charge, le déresponsabilise mais le culpabilise, et surtout l'isole et le rend ainsi vulnérable.

N'importe qui dans cette situation disjoncte d'une façon ou d'une autre. La preuve, c'est arrivé à un médecin, et ce, même si cela ne fait pas toujours la Une. D'ailleurs, si on en parlait à chaque fois, il deviendrait trop évident que le système est pourri. Il est donc préférable de ne sélectionner que quelques cas spéctaculaires, qui paraissent isolés, et surtout comme des actes perpétrés par des "malades mentaux". D'où le verdict qui vient d'avoir lieu. Ainsi les "braves gens" (oui oui, ceux dont parle Brassens) peuvent donc continuer à croire que "tout va pour le mieux dans le meilleur des monde", et qu'ils sont à l'abri de ce genre de drames, parce que le système a tout prévu pour les protéger. Le problème dans le cas de Turcotte, c'est que les braves gens sont tellement persuadés que cela ne peut pas leur arriver, qu'ils réclamment une peine exemplaire.

Maintenant, de là à affirmer que la Justice traite Tucotte différemment parce qu'il est médecin, c'est extrêmement tentant, mais là encore, je me garde quelques réserves.

¹. Ce qu'on peut observer aujourd'hui semble donner raison à Henri Laborit qui voyait dans notre société une nouvelle structure vivante. J'ajouterais que non seulement elle est canibale (elle dévore les autres sociétés), mais elle est si gloutonne qu'elle dévore également ses propres organes.

². Après avoir fait éclater les petits villages, les petites communautés, notre société occidentale (appelée "La Civilisation" il n'y a pas si longtemps par opposition aux "peuplades sauvages"), fait maintenant éclater le noyeau familial qu'elle avait créé déjà pour diviser les gens. Les méga-fusions qu'on connaît aujourd'hui ne visent pas à réunir les gens, mais à les parquer sous des méga-administrations qui les isolent encore plus en les gérant comme des numéros, des têtes de bétail industriel, des biens qui génèrent du profit. Ici, le profit n'est même plus une fin. Il est devenu l'appât pour encourager certains "organes" de la méga-structure à se dévouer pour elle. Et ce n'est pas du Stephen King, même si j'avais trouvé "Les Tommyknockers" très réaliste.

^{2 bis}. Le phénomène qu'on voit maintenant apparaître et qui me semble la suite logique à ceux de l'"émancipation de la femme" et de l'"enfant roi", c'est l'importance donnée à des initiatives de jeunes dans leur implication dans la société. Désolée de paraître sarcastique, mais quand on voit où le féminisme a conduit les femmes (s'élancer dans un angle de 180° pour finalement revendiquer leur féminité au point de se retrouver sur des pubs de lingerie et se faire charcuter pour être sexuellement plus attirantes, en plus de calquer leurs rôles de "décideures" sur celui des hommes, ce qui ne change pas grand-chose au système), voir les jeunes réciter leurs leçons néo-environnementalistes sans aucun discernement et rien de nouveau : que ce que disent déjà les opportunistes du lucratif mouvement, et prêcher de la même façon pour cette Justice qui occulte les dysfonctionnements du système en stigmatisant l'individu, je n'y vois guère de "fraîcheur" et encore moins d'"innocence". Ca sent encore la démocrasse croupie.

³. Au même titre que les relations entre individus qui se sont désagrégées, les rôles de chacun, autrefois valorisés par le sens, voire l'honneur qu'on attribuait au travail ont subi le même sort : aujourd'hui on reçoit une rétribution relative à un poste occupé. Mais, s'il faut s'agiter pour justifier cette rétribution, ce qui compte, ce ne sont ni les tâches exécutées, ni les résultats, qui importent, mais le temps passé à cette agitation.
L'expression "dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es" a pris tout son sens : aujourd'hui, ce qu'on mange diffère par des textures, des formes, des parfums et des couleurs artificiels, mais le goût naturel des ingrédients (qui ne le sont plus) disparaît sous une abondance de "sucré", "salé" ou "piquant". Les éléments nutritifs ont disparu aussi, impliquant soit la prise de "compléments alimentaires" très chers, soit des maladies et des médicaments "gratuits" pour ceux qui n'ont pas les moyens. On consomme cette pseudo-nourriture, exécute un pseudo-travail, entretient des pseudo-amités, fonde une pseudo-famille, commet des pseudo-infractions ou pseudo-meurtres, se fait juger par une pseudo-justice, mène une pseudo-vie, ... pour finir dans une pseudo-mort ? Il y a de quoi devenir pseudo-fou, non ?