Objectif zéro sale con, de Robert I. Sutton

Mon opinion à propos de ce livre est partagée.

Même si je le conseille sans réserve à toute personne un peu naïve qui croit que "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes", globalement je n'ai pas aimé. Mais c'est totalement subjectif.

Ce que je n'ai pas aimé :

1) le manque de structure avec des exemples qui se mêlent aux théories et des répétitions qui diluent le texte a mis ma concentration à rude épreuve.

2) les pistes de solutions qui ne deviennent finalement que des exemples de situations particulières tiennent plus de la petite vengence ou de la fuite de la réalité que de la petite victoire, et me rappellent l'ambiance malsaine de mon ancien emploi. J'aurais préféré une description d'attitude à adopter dans de telles situation, ou des exemples de répliques pour des cas plus courants, comme le font Isabelle Nazare-Aga, Alain Samson ou Christophe André, et que les exemples croustillants se contentent d'illustrer la théorie.

3) les victimes sont décrites comme des personnes faibles et vulnérables, or, d'après les trois auteurs cités plus haut, ce n'est pas du tout le cas.

4) les sales cons sont décrits comme des impulsifs, grossiers, violents, ambitieux et arrogants, alors que les soumis polis sournois et mesquins (dont le livre fait à peine allusion) font autant de ravages sinon plus, car les premiers ont au moins le mérite d'afficher leurs couleurs et on reste sur ses gardes (même si c'est fatigant à la longue), tandis que les seconds ont le don de nous désarmer du début à la fin de leur "mandat destructeur".

Ce que j'ai aimé :

1) la prise de conscience d'une théorie que je tente de défendre depuis plus de trente ans : la coopération et la collaboration entre les individus et les groupes donnent de meilleurs résultats que la compétition et ce, à tous les niveaux (objectif à atteindre, individu, groupe, société, planète). Et c'est là-dessus que je trouve qu'il y a trop de répétition (mais c'est peut-être nécessaire, vus mes propres échecs sur mon entourage, je n'ai probablement pas assez insisté, et me suis trop vite tournée ailleurs).

2) il y a quand-même un tout petit paragraphe de mise en garde "Attention : pas de jugement hâtif", visant à faire éviter de considérer comme sale con toute personne qui, de prime abord, nous semble antipathique et qu'on risque de ne pas prendre la peine de connaître.

3) un autre petit paragraphe sur la façon d'aider les victimes qui risque de n'engendrer qu'apitoiement sur soi-même et pas assez de solutions concrètes.

Globalement ce livre ressemble plus à un recueil de mauvais coups de PDG célèbres, et accessoirement une tentative de révolution dans le mode de gestion des ressources humaines, qui perd son impact dans sa répétition et sa dilution dans les exemples. De plus, et ce n'est pas précisé dans le titre, le champ d'action du sale con se réduit au travail, et plus particulièrement au bureau, alors qu'il se retrouve même au plus bas de la hiérarchie, et en dehors de l'entreprise. Et enfin, si la lecture des petites vengences peut être un exutoire pour une véritable victime qui sait apprécier les plaisanteries les plus courtes, je crains que ce livre risque d'encourager certains sales cons potentiels, frustrés et dépourvus de subtilité à s'émanciper en se cachant derrière une pseudo-vengence envers ceux qu'ils n'aiment pas ou voient comme une menace (ça s'est déjà vu).