J'ai passé une agréable et paisible veille de Noël en compagnie de mes chats en dégustant quelques boîtes de conserves périmées*, gracieusement distribuées par un organisme de charité.

Alors j'ai eu une petite pensée pour tous ces pauvres malheureux qui ont dû travailler jusqu'au 24 décembre inclus, qui ont à peine eu le temps de faire leurs emplettes le soir après une dure journée de turbin et ont dû en plus affronter les effrontés toujours plus pressés que les autres. Vous savez, ceux qui jouent des coudes dans les files d'attente des magasins autant que sur la route et crient "au meurtre" avant qu'on aie pu émettre la moindre protestation sur leur comportement, ceux qui bousculent tout le monde parce qu'ils ont trop peur de manquer la messe de minuit.

J'ai eu une petite pensée pour ces pauvres emmerdeurs qui sont prêts à tuer père et mère parce que ceux-ci ne leur ont pas enseigné ni les limites ni le respect envers autrui et soi-même, les condamnant ainsi au sentiment d'insatisfaction perpétuel. Quel gros malheur leur faudra-t-il connaître pour apprendre à apprécier ce qu'ils ont déjà et ce qu'ils sont tout au fond d'eux-mêmes, bien caché, là, juste ici !

Oui, j'ai eu une petite pensée pour tous ces pauvres nantis grouillant comme des mouches dans un verre d'eau, qui se grimpent mutuellement dessus pour sauver leur peau, sur cette pauvre petite planète surpeuplée.

Si je croyais en Dieu, je lui dirais : "Seigneur, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font". Puis je me suis endormie sur le film "The Meaning Of Life" des Monty Python, la panse pleine de pain rance*, gracieusement offert par une généreuse chaîne d'alimentation après son ménage de vieux stocks de fin d'année.

* On n'en meurt pas, la preuve, sauf que c'est un peu lourd à digérer pour le peu de dignité qu'il nous reste, à nous, les indigents.