C'est la version québecoise de "Ugly Betty", qui est la version étatsunienne de "Betty La Fea" de Fernando Gaitán. D'ailleurs après une petite recherche je viens de voir qu'il existe une bonne dixaine de versions de Bettys dans autant de pays différents.

J'aime bien ce personnage, il me fait penser à "La Pépette", que j'avais "créée" dans les années '80, basée à la fois sur une personne que je connaissais bien, et le nom emprunté à la chanson de Renaud, "Le retour de la Pépette". Tient, ça me fait penser à mon post d'hier : moi-même limitée et incapable de créer une oeuvre complète seule, j'avais tenté à l'époque, d'aborder des gens de talent pour réaliser des projets. Malheureusement, ces artistes anonymes préféraient courir les célébrités pour se faire reconnaître ... et rejeter, évidemment ... que rester ensemble et réaliser leurs propres créations. Sans respect pour eux-mêmes de toutes façons, ils ont préféré mépriser les inconnus comme eux et moi, et, vingt-cinq ans plus tard, à part l'un d'entre eux qui eut un petit rôle de quelques secondes dans "Le battement d'ailes du papillon", ils sont toujours aussi inconnus. Voilà où mène l'ambition individualiste.

Il en fut de même pour mes chansons. Même si quelques amis les appréciaient, me comparant entre autres à Jean Qui-n'est-plus-Leloup, aucun musicien ou groupe n'était capable de composer un accompagnement. Mais j'étais entre deux temps, ce genre revient à la mode, avec Zéa, par exemple. Et puis mon tort était très certainement de manquer de confiance en moi, en plus des déboires : je m'étais décidée à faire une maquette et à ce moment-là, j'ai dû déménager brutalement (1993), et ce nouveau logement fut cambriolé et j'ai tout perdu, dont ma guitare et le petit appareil d'enregistrement.

Oui, je peux bien me reprocher de manquer d'assurance et d'ambition, à chaque fois que je me suis résignée à me lancer dans mes projets seule, il est arrivé quelque chose pour m'en empêcher. Déjà, en 1981, je m'étais lancée dans la poursuite de mon bac en biologie par correspondance, et les presses sont tombées en panne ... plus de deux mois d'attente que je n'ai pu rattrapper. Puis ces projets sur lesquels j'ai travaillé dès 2002, qui furent anéantis en 2004 par des voisins et la famille qui ne pouvaient pas supporter qu'une Pépette ou une Betty, ou une Boulezail en l'occurence, soit autonome et réussisse quelque chose dans sa vie, se dégage de dessous leur botte. Encore une fois, ce n'est pas une petite anicroche qui peut avoir raison de moi, ils ont dû s'y mettre à plusieurs à la fois pour me détruire ... et encore, comme la mauvaise herbe, je continue à me dresser entre les failles de l'asphalte.

Betty a un peu plus de chance, son père l'aime, et, malgré leurs différends, sa soeur aussi l'aime tendrement. J'aime bien ces nouvelles séries qui sont de moins en moins manichéennes. Les méchants ont une part de bonté d'autant plus touchante, et les gentils peuvent dire ou faire des choses vraiment méchantes. Il en est de même pour le "brillant" et le "stupide", personne n'est totalement parfait ou imparfait, et c'est plus réaliste ainsi, du moins au niveau de la personnalité des personnages. Et puis cette série a aussi le mérite d'être capable de ne pas trop m'exaspérer ou stresser, c'est-à-dire que les injustices, même excessives, trouvent leur limite (pas comme dans "450, Chemin du Golf" par exemple), et les problèmes ont des solutions. Elles ont également le mérite de me faire rire aussi. Ca fait du bien de rire, car je ne pense pas toujours, ou n'ai pas toujours envie de faire l'exercice artificiellement.

Vendredi dernier, je pensais cependant cesser de regarder cette série, d'abord par crainte de "Vivre ma vie par procuration devant mon poste de télévision", comme dans la chanson de Goldman, et parce que j'ai trop de choses à faire. Et bizarrement, dans ce "dernier" épisode, Betty écrivait un article sur les adieux. Mais j'ai encore besoin de la "compagnie" de ces sympathiques personnages, et, bizarrement, hier, Betty cherchait à créer des liens avec ses voisins, à la suite d'une nouvelle aux informations (malheureusement bien d'actualité) sur une vieille femme solitaire qu'on a retrouvée morte dans son appartement, alerté seulement par l'odeur du corps. Betty a donc décidé d'agir ... maladroitement, comme d'habitude, mais toutefois avec un certain succès, parce que, quand on est seul à essayer de secouer une foule de phobiques sociaux qui sévissent et s'auto-subissent depuis des décénies, c'est sûr qu'on manque de modèle, de technique et d'habileté.