L'artisan connait son métier qu'il a mis des années à apprendre d'un vieil artisan. Entre ses mains habiles, la matière prend forme. Un meuble, un outil, une pièce de tissu ou de verre nait de l'union entre sa patience et son savoir faire qu'il transmet à son apprenti. Son aspiration ? Le partage, la contribution, le souffle de la vie.
Le courtisan manie la flatterie et la vantardise. Il s'octroie les succès des autres, leur arrache leurs connaissances qu'il garde jalousement, élimine la concurrence et s'auto-sacre le Gardien d'un mystère prestigieux. Il devient ainsi le grand sorcier du clan. Il se targue alors de sa supériorité, et même de ses frasques pour mettre du relief, pour impressionner, ou menacer sans en avoir l'air, auprès de son auditoire, et surtout de son souverain. Ainsi, il monte une marche de plus vers le pouvoir. Son aspiration ? Dominer.
Le faisan, c'est le dindon de la farce. C'est lui qui fait le travail pour une bouchée de pain. Il n'a pas besoin de savoir quoi que ce soit, ça, il le sait, on lui a assez répété. Ce qui compte, c'est son dévouement, sa loyauté et son silence. Son ambition ? Travailler fort pour devenir souverain un jour.
Dans nos sociétés de plus en plus évoluées, où la quantitié prime sur la qualité, le courtisan revêt toute sa splendeur, s'épanouit comme un poisson dans l'eau.
L'artisan n'a plus sa place. On n'a plus le temps d'écouter, de regarder, de sentir, d'enseigner. On compte. On évalue le rendement. On s'élance dans la compétition. On performe. On jongle avec les chiffres, avec les mots, on tourne en rond sur la piste, mais on fait rire les petits enfants.
Le souverain, lui, n'a le temps ni d'apprécier le travail trop lent de l'artisan, ni de voir celui du faisan. Il se contente du résumé que lui siffle le courtisan et coupe dans les dépenses afin de préserver ses privilèges de souverain. Epris de joutes et autres défis, il prend le risque d'augmenter les pouvoirs du courtisan afin d'assurer sa tranquillité d'esprit, ou plutôt, son oisiveté d'esprit. De toutes façons, au bout de compte, c'est le faisan qui paie. Son aspiration ? S'amuser de tout son saoul.
Qui êtes-vous ? Artisan ? Faisan ? Courtisan ? Souverain ? Pourquoi ?